Impatiens : l'année du mildiou
De nombreux cas de mildiou de l'Impatiens se sont déclarés au printemps et cet été en entreprise et dans les espaces verts français, mais aussi en Grande-Bretagne, où il est omniprésent.
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Le mildiou de l'Impatiens attaque sporadiquement à la faveur de conditions climatiques favorables. Les premières alertes, il y a sept à huit ans en Allemagne, Angleterre et Canada, ont amené l'Organisation européenne pour la protection des plantes (OEPP) à inscrire le pathogène, Plasmopara obducens, sur sa liste d'alerte en 2005. Très difficile à maîtriser, la maladie peut avoir un réel impact économique sur le commerce des jeunes plants en Europe.
1 NOMBREUX CAS SIGNALÉS.
Les premières attaques ont été constatées dès le début du printemps, avec une attaque grave de Plasmopara obducens sur jeunes plants de 'Fiesta Ole Cherry' en Aquitaine, en mars, des cas signalés dans plusieurs entreprises fin avril, puis en mai, en Île-de-France, une attaque fin avril en Rhône-Alpes, une attaque en Pays de la Loire... Puis les dépérissements sont apparus en espaces verts en juillet et en août en Île-de-France (Val-de-Marne), Rhône-Alpes et Pays de la Loire... La météo de juillet dans certaines régions, associant pluies fréquentes et températures au-dessous des normales saisonnières, de 17 à 21 °C, a été favorable au développement de ce pathogène.
La présence de Plasmopara obducens a également été confirmée dans des pépinières britanniques, sur des jeunes plants issus de boutures et de semences. Les attaques en espaces verts ont obligé les gestionnaires à replanter les massifs avec d'autres espèces annuelles (géraniums, roses d'Inde...). La souche pathogène en cause s'avère résistante au métalaxyl-M (ou méfénoxam), une des substances actives autorisées contre le mildiou des cultures florales.
2 HÔTES ET CONDITIONS DE DÉVELOPPEMENT.
Le mildiou de l'Impatiens touche les espèces cultivées et sauvages d'Impatiens : I. walleriana, I. balsamina, noli-tangere, I. pallida, I. capensis... La maladie semble moins affecter l'Impatiens de Nouvelle-Guinée et l'hybride SunPatiens®. Plasmopara obducens, pathogène oomycète (il ne fait pas partie des champignons), développe très rapidement des résistances aux produits utilisés. Ce qui nécessiterait de varier les familles chimiques et les modes d'action, alors même que les produits autorisés sont peu nombreux. Les substances actives homologuées pour l'usage « cultures florales diverses - traitement des parties aériennes - mildiou » (voir e-phy.agriculture. gouv.fr) sont à base de chlorothalonil + métalaxyl-M, azoxystrobine et cyazofamid (fongicides préventifs).
Le mildiou de l'Impatiens se développe de façon exponentielle en conditions d'hygrométrie élevée, d'eau stagnante sur les feuilles et de températures avoisinant les 15 °C. Les plantes dépérissent très rapidement, avec des pertes pouvant atteindre 90 %.
3 SYMPTÔMES.
Les feuilles des plantes atteintes pâlissent et se recourbent vers le bas. Une sporulation sous forme d'un duvet blanc apparaît à leur face inférieure. Les plantes affectées paraissent rabougries, perdent leurs feuilles, la floraison cesse. Elles peuvent être infectées sans présenter de symptôme : la maladie, latente, se déclare en cas de stress. Le mildiou de l'Impatiens peut être confondu avec l'oïdium (le duvet blanc se situe à la face supérieure des feuilles), une attaque sévère de botrytis (sporulation grise à la face inférieure) ou la sclérotiniose (Slerotium rolfsii) qui provoque une pourriture blanche des tissus (*).
4 MODES DE CONSERVATION ET DE DISSÉMINATION.
Les oospores ou spores sexuées, produites avant l'hiver, peuvent survivre plusieurs années dans les débris végétaux et le sol, même en conditions extrêmes. Des Impatiens plantées dans les zones infectées les années précédentes peuvent ainsi être réinfectées. Au printemps, dès que les conditions sont favorables (températures fraîches et humidité), les spores germent et développent du mycélium. Le pathogène se dissémine ensuite sur d'autres plantes en fabriquant des zoospores (spores asexuées) dispersées par les éclaboussures d'eau. Les spores sont aussi facilement dispersées par les courants d'air et lors du déplacement des plantes. Le mycélium peut survivre dans les tissus de la plante et constituer une source d'inoculum et d'infection.
5 MOYENS DE LUTTE.
Les mesures de prévention consistent à vérifier l'état sanitaire des plants avant leur achat, espacer les plantes pour permettre la circulation d'air, éviter la condensation sur les feuilles, éliminer les débris végétaux, désinfecter les locaux et les outils, éviter l'arrosage par aspersion et/ou irriguer en début de journée pour permettre aux plantes de bien sécher... En cas de détection d'un foyer : détruire les plantes atteintes en les ensachant avant de les déplacer, ainsi que les plantes voisines (qui peuvent porter la maladie sans l'exprimer), ne pas les composter ni les déposer sur un tas de rebus végétaux ; traiter les plantes saines avec un fongicide autorisé contre les oomycètes (antimildiou des cultures florales). Il peut être intéressant de tester l'efficacité du Trianum, stimulateur de vitalité des cultures florales à base de Trichoderma harzianum, ainsi que la formulation la mieux appropriée (Trianum-P ou Trianum-G). En espaces verts, il faudra éviter de planter des Impatiens dans les endroits où la maladie s'est déclarée (rotation minimale de trois ans).
Valérie Vidril
Sources : Phyt'Ornement® de la Fredon-Île-de-France, Bulletins de surveillance du végétal d'Île-de-France et d'Aquitaine, Horticulture Week. (*) Voir le guide Diagnostic et soin des plantes au jardin, 2006, J. & E. Jullien, éditions Ulmer, pp. 100-101.
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